Une peinture à contre courant.
Point de mires, points de vue en survol. Plongée, immersion dans un espace aquatique où la perte de repères participe de la perception. Le miroir d'un monde qui s'auto-suffit, ou plutôt l'image d'un monde à la renverse, comme si regarder le paysage en face était devenu impossible. Nécrose invisible du paysage cultivé, absurdité des jardins clés en main, artificialité des aires d'autoroutes arborées, mise sous cloche de sites sous l'appellation "parc naturel", tentante est la fuite d'un tel environnement paysager, beaucoup trop paysagé.
Entamée voici quatorze ans durant ma maîtrise en arts visuels, cette réflexion sur les résurgences de la mélancolie en peinture est fortement ancrée dans le champ contemporain, tant par l'audace de son anachronisme, que par la recherche du fragmentaire, du dissout, du partiel, d'un figuratif détourné. En me focalisant sur la surface de l'eau, je cherche à mêler le réel à son image, en somme à tisser entre ce réel supposé et son immatérialité des liens inédits.
Ma peinture ne cherche cependant pas à faire passer de message critique, ou à mettre en avant un concept au détriment de la perception et de l’émotion. Je préfère évoquer des visions sereines, propices à l’imaginaire et au rêve. J’aime créer des paysages différents, où le ciel, l’eau, les fonds et le végétal se mêlent pour questionner notre rapport au visible.